Archive for août 2011

« Le bonheur des chouettes »: Celestino Piatti

25 août 2011

La Suisse est un petit pays, dont la tradition graphique a longtemps été célébrée par la revue Graphis. Parmi les représentants les plus notables, nous souhaitions vous présenter Celestino Piatti né à Wangen, près de Zurich (1922-2007). Formé à l’École des Arts et Métiers de Zurich, il fit son apprentissage auprès d’un graphiste installé dans un atelier d’art graphique de Bâle. En 1948, il crée sa propre agence et organise des campagnes publicitaires, réalise des affiches, des annonces, des illustrations, des mises en pages de revues, des emballages… Quelques années plus tard, il entre au service d’une entreprise de Hambourg; il y réalise en particulier de nombreuses annonces pour des cigarettes. En 1967, il signe un important contrat avec une maison d’édition de livres de poche — Deutscher Taschenbuch Verlag (DTV) — qui regroupe un certain nombre d’éditeurs allemands et suisses. La qualité de ses composition et la multitude de ses créations pendant près de trente ans (de 1960 au début des années 90) représentent environ 6300 couvertures de livres et affiches promotionnelles. Qui dit mieux!

Ce travail titanesque a sans doute un peu occulté son travail d’illustrateur pour la jeunesse. L’ouvrage présenté « Le bonheur des chouettes » publié en langue française à l’office du livre de Fribourg en 1967 (édition originale allemande de 1963) est une fable sur le bonheur. Les chouettes voient passer les saisons et se nourrissent de l’air du temps qui passe, tandis que la basse-cour se perd en conjectures et en prises de bec. La leçon de bonheur et l’ode à la nature que délivre Piatti à ses jeunes lecteurs est un message écologique avant l’heure, qui aura pour effet de faire fuir la société consumériste de la basse-cour.  » Comment être heureux de si peu ?  »  s’écrie la volaille laissant la sagesse aux vieilles chouettes!


D’autres images de Piatti sur ce site: http://iotaillustration.posterous.com/celestino-piatti

« The Magic Currant Bun », de John Symonds, illustré par André François

11 août 2011

Encore un livre rare d’André François en exclusivité pour les lecteurs de Ma Galerie à Paris. Un titre resté inédit en français, qu’il serait urgent de rééditer. Plein de surprises à venir pour la rentrée et l’ouverture d’une (vraie) galerie en 2012 à Paris dans le 10ème arrondissement. On vous en reparle très vite! Bonnes vacances!

« The Magic Currant Bun » par John Symonds, illustré par André François. J.P. Lippincott Company, Philadelphia and New York, 1952, First Edition

 

 

 

 

 

 

 

« Roland » illustré par André François

5 août 2011

La première édition de ce magnifique livre d’André François a été publié à New-York par les éditions Harcourt en 1958 (magnifique édition en tons directs). Il faudra attendre 1992 pour la réédition en français de cet ouvrage (aujourd’hui épuisé) par les éditions Circonflexe. Massin, un des graphistes phare de l’édition d’après-guerre gratifia cette réédition d’une préface originale, en hommage à son ami André François. Vingt ans après, une nouvelle parution s’impose après le sortie des « Rhumes » cet été chez Robert Delpire son éditeur de toujours.

« Né dans une contrée voisine des montagnes où vécut Dracula, André François, qui a choisi de bonne heure la France comme pays d’adoption, a longtemps été méconnu chez nous. Une injustice dont j’avais conscience lorsque j’ai connu cet homme de haute stature, au cheveu court et au visage traversé de profonds sillons. C’était en 1957. Or à cette époque lointaine, il avait dessiné déjà une bonne vingtaine de couvertures de Punch, ce qui était une véritable consécration. »

« André François déteste qu’on le range dans la catégorie des « humoristes », et il a bien raison, tant ce propos me paraît réducteur. Ou bien alors, il faut dire que Arcimboldo, Grosz, Klee et Picasso sont aussi des humoristes. Comme ce dernier, il est protéiforme : il dessine, il grave, il peint, il sculpte, il découpe, il assemble des matériaux qu’on croyait faits pour ne jamais se rencontrer, des objets introuvables, cadrans d’horloge, meubles obsolètes, bois au rebut, usés par le temps ou rongés par la mer, comme ces galets qu’il ramasse sur les plages de la Manche et qu’il transfigure dans des compositions toujours inattendues. »

« Quelle bonne idée de rééditer ce Roland ! Une histoire toute simple, et cohérente dans sa cocasserie même. Ses enchaînements merveilleux révèlent un imaginaire qui n’appartient qu’au monde des enfants. On a cru trop longtemps, en effet, que ceux-ci étaient réfractaires aux moyens d’expression nouveaux, comme à un graphisme scandaleux parce que original. C’est tout le contraire qui arrive ; car, à l’inverse des parents, les enfants n’ont ni préventions ni préjugés : ils se souviennent du temps que les bêtes parlaient. Et, avec Roland et André François, en toue innocence, crack ! on passe de l’autre côté du miroir. » Massin, © Circonflexe, texte original, droits réservés, dépôt légal : juin 1992