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Nathalie Parain

4 janvier 2010

Nathalie Parain (Natalia – Natacha Tchelpanova) (née en 1897 à Kiev, et décédée en 1958) est une dessinatrice d’origine russe, fille du Professeur Tchelpanov.

D’abord formée par Piotr Kontchalovsky à l’Institut Stroganov, Nathalie Parain intègre ensuite les Vkhutemas (Ateliers d’État) de Moscou, dans l’atelier de Kontchalovski, et faisait alors partie de l’avant-garde constructiviste d’URSS.

Nathalie Parain, photographie tiré du catalogue de vente:
« Nathalie Parain – Etude Beaussant Lefèvre » (Drouot – Avril 2008)

Ayant épousé en 1926 l’écrivain et essayiste Brice Parain, responsable du secrétariat de Gaston Gallimard et attaché culturel de l’Ambassade de France, elle quitte l’URSS et arrive à Paris en 1928. Elle fréquente alors les milieux d’artistes et d’intellectuels émigrés russes, parmi lesquels Alexandra Exter, qui vit non loin d’elle à Fontenay, ou encore le couple Nathalie Gontcharova et Michel Larionov.

Sa carrière d’illustratrice débute en 1930, avec la parution chez Gallimard de l’album « Mon Chat », merveilleux exemple de l’esthétique constructiviste appliquée au livre pour enfant. Grâce à cette parution (texte d’André Beucler) en 1930, elle devient, à la demande de Paul Faucher, l’une des principales illustratrices de la collection du Père Castor (Flammarion) et aussi des œuvres de Marcel Aymé.

Couverture du catalogue de la vente
« Nathalie Parain – Gouaches, dessins, collages et estampes, livres et maquettes »
Etude Beaussant Lefèvre », Expert: Alain Nicolas (Drouot – 2 Avril 2008).
Ce catalogue contient une biographie exhaustive et de nombreux visuels inédits de l’œuvre de Parain.

Elle aida plusieurs artistes émigrés d’URSS à travailler pour des éditeurs français, et reste résolument tournée vers ses origines : l’esprit soviétique se lit dans sa démarche d’éducation artistique, qui invite les enfants à la réflexion à travers des jeux d’assemblages créatifs. Sur le plan stylistique, la géométrisation des formes, la mise en volume cubiste, le travail en aplat, les jeux de découpages/collages découlent directement de l’avant-garde russe, et en particulier de Malevitch.

Nathalie Parain crée également des œuvres plus intimes, des paysages et des scènes de la vie quotidienne, où transparait son admiration pour Jean Hugo. C’est dans cet esprit très poétique qu’elle réalise à partir de 1936 les gouaches illustrant les Comtes du Chat perché de Marcel Aymé, qui lui écrit en 1940: « Je n’écris plus un Comte (…) sans penser à vos dessins, si bien que vous êtes maintenant responsable du texte et des illustrations ». Celles-ci installeront définitivement sa renommée et lui vaudront en 1944, le Prix de l’Académie des Beaux Arts.

En 2008, la galerie Marie Watteau présente une exposition monographique consacrée à l’artiste. N’hésitez pas à consulter le lien de la Galerie Marie Watteau, qui permet de découvrir un ensemble d’œuvres très varié.

En avril 2008, les Commissaires-Priseurs Beaussant Lefèvre, organisaient une vente « Nathalie Parain » (voir la couverture du catalogue ci-dessus). Vous pouvez consulter les oeuvres présentées à la vente de manière détaillée sur le site http://beaussant-lefevre.com.

Plusieurs de ses ouvrages viennent d’être magnifiquement réédités en fac-similé aux Éditions MeMo : « Mon chat » (André Beucler, 1930, Gallimard), réedition, Nantes, 2006, collection les Trois ourses, que l’on peut feuilleter sur le site de la BNF, cliquez ici pour un accès direct; et « Châtaigne » (Anton Tchekhov, 1930, Gallimard NRF), réedition, Nantes, 2009.

En 2008, plusieurs livres de Nathalie Parain ont été présentés lors de l’exposition « Babar, Harry Potter, & Cie, Livres d’hier et d’aujourd’hui » de la Bibliothèque Nationale de France.

Ronds et carrés de Nathalie Parain. « Ronds, carrés, triangles, cylindres, etc., toutes les formes sont représentées dans une simplification et une géométrisation poussées à l’extrême, dont le dépouillement confine au spectaculaire. L’espace pictural de Nathalie Parain est donc renouvelé par une grammaire des formes simplifiée et par l’emploi de deux couleurs, le rouge et le noir, ainsi que par l’utilisation d’un pointillé noir sur fond blanc (seule la page de couverture est sur fond bleu). Cet album est avant toute chose un album-jeu pour les enfants, comme nous le rappelle la préface signée par le Père Castor : « Voilà un jeu bien amusant. Votre vieux Père Castor va vous l’expliquer, mais allez d’abord chercher vos ciseaux. » L’enfant est invité à découper une page rouge et une page noire, afin d’obtenir toutes sortes de formes, à ranger « par couleurs, en trois tas, ou mieux, dans trois petites boîtes ». Le jeu consiste à recouvrir les sujets proposés (le port, les outils du jardinier, etc.), puis à les VIDEduire l’album devant les yeux et, enfin, de mémoire, l’album refermé. « Le premier qui achève, sans faute, l’image choisie gagne la partie. » Mais le plus important aux yeux du Père Castor, c’est « surtout d’inventer toutes sortes de choses qui ne sont pas dans l’album, alors, mais alors seulement, vous me direz si mon jeu est amusant ». » Corinne Gibello-Bernette, chargée de collections au département Littérature et art, BnF.

Baba Yaga, texte de Teff, illustré par Nathalie Parain, Paris, YMCA Press, 1932. « En 1932 paraissent deux éditions parallèles de l’adaptation du conte traditionnel de Baba Yaga, avec les dessins de Nathalie Parain. La version publiée par le Père Castor est en français, celle de l’éditeur américain YMCA Press est en russe. Parain joue d’un nombre de couleurs très limité, s’appuyant sur des dessins perdus sur le fond blanc de la page, à la fois figuratifs et géométriques. Outre le chat lui-même, certains éléments se retrouvent dans l’album Mon chat, les plans verticaux sans profondeur, par exemple. La figure fantastique de la Baba Yaga déchaînée est ainsi l’occasion d’une mise en page spectaculaire, seule de l’album à bénéficier d’un fond, et d’autant plus impressionnante : la poussière tourbillonne, la sorcière vient comme un ouragan. » Olivier Piffault, conservateur au Centre national de la littérature pour la jeunesse -La Joie par les livres, BnF

Je fais mes masques de Nathalie Parain. Paris, Flammarion, « Albums du Père Castor », 1931. »Couverture et 16 lithographies en couleurs, en feuilles retenues par une ficelle. Ce premier album issu de la collaboration entre Paul Faucher et Nathalie Parain est publié en 1931. Ce livre d’activité offre à l’enfant la possibilité d’être le propre créateur de son jeu en découpant, pliant, collant, et coloriant au besoin, des masques, selon des indications qui figurent dans les pages introductives. Déployé sur une double page de format in-folio, chaque masque est VIDEduit en petit sur la feuille de gauche pour guider l’enfant dans sa réalisation. Ce dernier peut choisir de se « transformer en Hindou, en Japonaise, en Normande, en Arabe, en paysanne russe, en Nègre, en Peau-Rouge, en Esquimau ». Chaque masque est numéroté et renvoie à sa situation géographique sur un planisphère, permettant ainsi au petit Français d’être un « Enfant de la Terre » (nom de la série lancée après 1948 dans les « Albums du Père Castor »). Sensible également à cette vision humaniste de l’enfance, Nathalie Parain conçoit la page de couverture comme un manifeste. Un garçon et une fille tiennent chacun un masque : les quatre « visages » forment ainsi une diagonale Est (Japon) – Ouest (continent africain), symbolisant les peuples de la planète. » Corinne Gibello-Bernette, chargée de collections au département Littérature et art, BnF

Bibliographie détaillée:

Les Albums du Père Castor (Flammarion) :
Je fais mes masques (1931)
Je découpe (1931)
Ribambelles (1932)
Ronds et Carrés (1932)
Crayons et ciseaux (1932)
Baba Yaga (Rose Celli – 1932)
Album magique (1932)
Les jeux en images (1933)
Masques de la jungle (1933)
Allons vite (1933)
Frigoulet (1933)
Bonjour bonsoir (1934)
Faites votre marché (1935)
Jeux des cris et des bruits (1939)
Le beau chardon d’Ali Boron (May d’Alençon, 1940)
Loto en images (1940)
Noix de Coco et son ami (Marie Colmont, 1940)

Les Contes du Chat perché, de Marcel Aymé (Gallimard) :
Les Boeufs (1934)
Le Loup (1934)
Le Chien (1934)
Le Canard et la Panthère (1937)
L’Ane et le Cheval (1937)
Le Cerf et le Chien (1938)
Le Paon (1938)
Les Cygnes (1939)
Le Mouton (1940)
Les boîtes de peinture (1941)
Les Vaches (1942)
La Buse et le Cochon (1943)
La Patte du Chat (1944)
Le Problème (1946)
Les Chiens (1948)

Éditeurs divers :
Mon chat (André Beucler, Gallimard, 1930)
Frigoulet au pays des chiffres (Jean-François Primo, Excelsior, 1933)
Châtaigne (Anton Tckekhov, Gallimard, 1934)
Histoires vraies (Léon Tolstoï, Gallimard , 1936)
Les Fables de la Fontaine (Jean de La Fontaine, La Bonne Compagnie, 1946)
La Messe du peuple, pières et chants (Adelin Van Erck, Les Editions Nouvelles, 1946)
Cinq prières dans la cathédrale de Chartres (Charles Péguy, Gallimard , 1947)
Sainte Geneviève, Dix poèmes ( Charles Péguy, Gallimard ,1951)
Jeanne d’Arc,Cinq poèmes (Charles Péguy, Gallimard ,1952)
Mon jardin en liberté, Lectures pour le Cours élémentaire (Maurice Oléon SUDEL, 1953)