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Tullio Pericoli

31 Mai 2010

Né à Colli de Tronto en 1936, Tullio Pericoli s’exerça à l’art du portrait avec un trait d’une élégance extrême tout d’abord dans les pages et de l’Espresso (de 1976 à 1987) puis de la Republicca à partir de 1984.

Tullio Pericoli dans son atelier

A la fois caricaturiste politique, critique sociologique, illustrateur et publicitaire, ses maîtres se nomment David Levine (son alter ego américain et son ainé de 10 ans disparu fin 2009) ou Saul Steinberg pour la pureté de la ligne.

Marcel Proust, 1987, Tullio Pericoli

Il travailla principalement pendant la décennie des années 80 à croquer la fine fleur de ce que compte les beaux arts et en s’élevant au niveau de ses modèles prestigieux.

Franz Kafka, 1986, 57 x 38 cm, par Tullio Pericoli

Le genre du portrait en illustration est un des plus délicats et des plus difficiles qui soit. Souvent associé à l’histoire de la  caricature dont les ancêtres prestigieux seraient Daumier, Gavarni, puis plus tard Léandre ou Veber, peu de talents ont su donner ses lettres de noblesse à un exercice qui peut facilement tomber dans le commun et la vulgarité. Dans les années 70 le genre du « portrait charge » connut son renouveau en France grâce notamment à Jean Mulatier et ses compères de Grandes Gueules sur les quatrièmes de couverture du Pilote héroïque des années 70 puis se propagèrent dans la presse politique internationale. Aux États-Unis, la représentation dessinée du monde du spectacle doit beaucoup  au talent de Al Hirschfeld et de David Levine pour les personnages historiques et politiques.

James Joyce, 1987, 57 x 38 cm, par Tullio Pericoli

En Europe, c’est du côté de l’Italie que se trouve sans doute le plus grand talent d’une forme de portrait littéraire. Loin du portrait charge qui prête à la moquerie, chaque portrait est le reflet intime des admirations de l’artiste pour ses pairs, du coté des écrivains italiens et des plus grandes plumes de la littérature mondiale. On ressent ses affinités avec ceux qu’il prit plaisir à dessiner, et ses modèles de prédilection vont de Samuel Beckett à Virginia Woolf , puis Kafka, Primo Levi  ou encore Moravia, sans oublier son ami Umberto Ecco.

Alberto Moravia, 1988, 57 x 38 cm, par Tullio Pericoli

A l’exception peut être d’un Pierre Le-Tan en France qui, dans un autre genre plus classique, sut recréer sa propre mythologie (et dont nous reparlerons prochainement), peu d’artistes ont su retranscrire l’âme de leur modèle, en évitant les travers de la caricature anamorphique. Cet exercice d’admiration et d’affinités électives donne envie de se plonger dans l’œuvre de ses modèles, tel n’est pas le moindre des mérites de cet entomologiste distingué de l’espèce humaine.

Fernando Pessoa, 1987, 57 x 38 cm, par Tullio Pericoli

Aujourd’hui Tulio Pericoli semble avoir délaissé la discipline qui l’a fait connaitre et apprécier bien au delà de ses frontières pour se consacrer aux décors de théâtre au milieu des années 90 et surtout à la peinture, et tourner son regard vers des paysages exposées dans les musées et galeries d’art contemporain en Italie.

Illustration de Tullio Pericoli pour la couverture de « Woody, Freud et les autres », Grasset, 1989

On peut se procurer avec un peu de chance son magnifique ouvrage  « Woody, Freud et les autres » traduit en 1989 chez Grasset, ou quelques recueils de ses meilleurs dessins dans des éditions italiennes (Fabbri Editori) ou allemandes chez Diogenes.

Tullio Pericoli, « Attraverso il disegno », Fabbri Editori, 1991

Tullio Pericoli, « Portraits – Vorwort von Umberto Eco », Diogenes, 1992

Quelques portraits en ligne à voir ici.