Archive for septembre 2009

Karl Arnold

30 septembre 2009

Karl Arnold est né en Allemagne le 1er avril 1883, quatrième d’une famille de neuf enfants. Après avoir suivi un enseignement en peinture à l’académie des Beaux-Arts de Munich, ses dessins apparaissent dans les magazines allemands tels que “Die Jugend” (La Jeunesse) et le “Munchener Illustrierte Presse”.

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Le texte de cet article est très largement inspiré de l’ouvrage: « Simplicissimus, le Simplicissimus et la République de Weimar », catalogue d’exposition du Goethe Institut, Munich, 1984, Préface de Fritz Arnold. Ci-dessus, une reproduction de la double page consacrée à Karl Arnold.

En 1907, il commence sa collaboration avec Simplicissimus. Il passe quelques années à Paris d’où il envoie ses dessins. A ses débuts, Karl Arnold donne dans la manière expressive et colorée, puis vers 1931, il commence à développer ce style aux contours succins, clairs et fins qui le rendirent célèbre dans les années 20.

Ses caricatures sont plutôt des portraits, elles ne déforment pas, mais en éliminant les détails, elles accusent la physionomie et l’expression corporelle d’une personne. Très vite, il intègre l’équipe permanente des artistes de Simplicissimus et en devient actionnaire en 1917. Il occupe pendant de nombreuses années le poste de « rédacteur pour les idées d’illustrations et de textes ».

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Monographie de référence en allemand: « Karl Arnold, Leben und Werk », Bruckmann München, 1977.

En 1927, à l’occasion d’une exposition, Thomass Mann écrivait : » Comme vous êtes à situer entre Olaf Gulbranson et George Grosz, plus aigu dans le social, que ce génie humoristique, deux nuances plus conciliant que cet écrivain graphique de la haine-en fait, jamais débonnaire, je le souligne – l’atmosphère bourgeoise est bien loi, très loin – mais vous débordez de critique et d’irritabilité esthético-moraliste face à son expression, de sens humain pour ce q’il y a de grotesque animal en l’homme, vous notez et vous observez plus objectivement,plus académiquement mais puisque vous êtes dessinateur, vous êtes plus disposé au comique:ceci est fort heureux, très attrayant, c’est bien un juste milieu qui n’a rien de commun avec la trivialité , le vulgaire y est divulgué et seule la bienséance écarte le radicalisme et son esprit ennemi. »

En 1933, il lui est alors interdit d’exercer son métier. Des livres avec ses caricatures figurent sur la liste des « écrits nocifs et indésirables » et doivent être retirés de la circulation. Karl Arnold, comme la majorité de ceux qui travaillait pour Simplicissimus, était opposé à la politique extérieure du gouvernement allemand avant le début de la Première Guerre Mondiale.

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Néanmoins, une fois la guerre commencée, Simplicissimus a donné son appui total à l’effort de guerre. Après la guerre le journal a mené la campagne contre le Traité de Versailles, et dans les années 20 il a défendu la République de Weimar contre les menaces du nationalisme de gauche et de droite révolutionnaire. Il s’est fortement opposé à Adolf Hitler, et la presse de droite a accusé Simplicissimus d’être sous la commande des juifs. Quand certains artistes allemands tels que George Grosz et John Heartfied dépeignaient Adolf Hitler comme dangereux et immoral, Arnold le dessinait idiot.

Lorsque les nazis ont gagné du pouvoir en 1933, les stormtroopers sont arrivés aux bureaux de Simplicissimus et certains des réalisateurs de dessins animés, tels que Thomas Heine et Walter Trier ont quitté le pays mais Arnold a continué de travailler au magazine et, pendant la deuxième guerre mondiale, il a produit des dessins animés pro-Hitler. Après la deuxième guerre mondiale, Karl Arnold a émigré aux Etats-Unis où il a vécu jusqu’à sa mort en 1953.

Simplicissimus

29 septembre 2009

« Simplicissimus » est une revue satirique allemande d’avant-garde, fondée à Munich en 1896 par l’éditeur Albert Langen et devenue une véritable institution nationale dans la première moitié du xxème siècle.

Sa virulence, son audace, l’âpreté de ses satires — articles aussi bien que caricatures — sont restées célèbres. Parmi ses collaborateurs figurent les écrivains Strindberg, Schnitzer, Rilke, Ludwig Thoma, Mann.

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« Das grosse Simplicissimus Album »

Le courant expressionniste pictural en particulier (Alfred Kubin, Käthe Kollwitz, Thomas Theodor Heine, Jules Pascin, Georges Grosz) y a trouvé une tribune de choix.

Ralliée au nazisme, qui a tôt fait de voir le parti qu’il peut tirer de l’utilisation d’un titre aussi prestigieux mais pourtant connue pour son ouverture aux sensibilités de gauche, cette revue hebdomadaire voit sa parution suspendue à la chute du nazisme, puis disparaît définitivement après une tentative de renouveau entre 1954 et 1967.

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Une sélection d’ouvrage sur l’histoire de Simplicissimus:
– « Das grosse Simplicissimus Album »
– « Facsimile Querschnitt durch den Simplicissimus », verlegt von Scherz
– « Das Beste aus dem Simplicissimus », Scherz Verlag, 1976
– « Simplicissimus », Fackelträger, Verlag – Schmidt – Küster Gmbh, Hannover, 1954
– « Simplicissimus, Bilder aus dem Simplicissimus, Fackelträger, Verlag – 1970
– « Le Simplicissimus et la République de Weimar, Goethe Institut Munich, 1984
– « Simplicissimus 1896-1914 », Rütten & Loening, Berlin, 1972

Ben Shahn

15 septembre 2009

Ben Shahn est né à Kovno (Lithuanie) en 1898. Enfant, son éducation consiste principalement en l’étude de passages de la Bible. Il copie des textes bibliques, ce qui déterminera son intérêt pour la typographique et la calligraphie tout au long de sa vie. Beaucoup de ses compositions utilisent des mots, des noms ou des citations comme éléments formels.

ben-shahnBen Shahn, 1966. Karsh—Rapho/Photo Researchers

Il a 8 ans lorsque ses parents émigrèrent à Brooklyn, New-York aux Etats-Unis. Adolescent, de 1913 à 1917, il fait son apprentissage de lithographe, métier qu’il exerça pendant les treize années suivantes. De 1919 à 1922, il étudie à l’Université new-yorkaise et est aussi élève de l’Académie nationale de dessin.

myself_when_young« Portrait of myself as a young boy » par Ben Shahn

En 1929, il partage son atelier avec le photographe Walker Evans, ce qui stimule son propre intérêt pour la photographie. Il commence à photographier des gens et des scènes de rues, d’abord à New-York, puis plus tard dans tous le pays. Ses photographies lui servent de base pour ses impressions et de ses peintures.

ARTshahn2Ben Shahn a dessiné cette affiche pour protester contre l’exécution de Bartolomeo Vanzetti et Nicolo Sacco qui ont été électrocutés en 1927.

En 1932-1933, il assiste l’artiste mexicain Diego Riviera pour la réalisation d’une importante série de peintures murales pour le Rockfeller Center à New-York.

Dans le milieu des années 30, Shahn est engagé par la « Works Progress Administration » pour dessiner des peintures murales pour une prison fédérale. Bien que ce projet n’ai jamais abouti, Shahn reçut les années suivantes, plusieurs commandes publiques et privées pour d’autres peintures murales.

En 1925 et 1927, il voyage en Europe.

En 1935, Shahn est recommandé par Walker Evans auprès de la « Farmer Security Administration » (FSA). En tant que membre, il voyage et photographie aux côtés de Walker Evans, de Dorothea Lange et d’autres photographes

Il expose à Londres et New York en 1947.

En 1954, il partage le Pavillon américain de la Biennale de Venise avec l’artiste Willem De Kooning.

Ben Shahn décède en 1969.

ben-shahnLa couverture du « Graphis 62 – Graphis Annual ’55/56 » a été spécialement créée pour le magazine, lequel comporte un article sur l’illustrateur écrit par Léo Lionni, célèbre illustrateur jeunesse (Le petit bleu et le petit jaune) et directeur artistique de la revue « Fortune ».

« L’oeuvre graphique de Ben Shahn touche certains problèmes fondamentaux, tant éthiques que culturels, longtemps bannis de l’univers publicitaire comme de la multitude des romans illustrés publiés en série. A la banalité d’une mentalité de masse nourrie de sourires et de gestes stéréotypés, Ben Shahn oppose la force de sa vision personnelle et l’ardeur de son sens de l’humain. Tout comme il oppose également aux plates généralisations de l’art publicitaire, où rien n’est comique, mais malin, où rien n’est beau, mais bien balancé, où rien n’est émouvant, mais mélodramatique, l’intensité de sa conception de la vie et de l’art de peindre. Son amour passionné du monde réel, de l’homme vrai et de l’authentique expression de l’un et de l’autre, fait de Ben Shahn l’un des rares artistes contemporains qui méritent la qualification de « réalistes ». De dessins aussi substantiels et pénétrants, l’on pourrait attendre quelque amertume, si l’on ne sentait dans tous une grande pitié pour la solitude des êtres et une sympathie infinie devant la misère ou la joie et les pauvres plaisirs des humbles. De tels sentiments ne se rencontrent guère, en général, dans le no man’s land de l’illustration professionnelle. Rien d’étonnant, donc, si au milieu de la vide réthorique de nos pages de magazine, un dessin, une peinture de Ben Shahn assument une vigueur, une urgence propre à retenir les yeux les plus blasés et à revivifier les coeurs les plus secs. A la question trop de fois ressassée: « Que peut faire un artiste graphique pour une société industrialisée? » Shahn répond par le témoignage de son oeuvre. Et cette réponse, comme tout ce qui est grand, est simple. » Léo Lionni

ben-shahn-1Ce numéro comporte également des extraits de conférences par l’artiste, publiées sous le titre « Paragraphs on Art by Ben Shahn aux Editions Spiral Press, New York. Graphis avait déjà publié dans son numéro 22 (1948) plusieurs ouvrages de Shahn.