La vente de l’atelier de Robert Gigi en Mayenne le 26 septembre 2010 me donne l’occasion de revenir sur l’itinéraire d’un illustrateur disparu en 2007, et dont le parcours mérite d’être rappelé. Ses illustrations, planches et couvertures de livres ont fait la joie d’une salle d’amateurs assez nombreux pour avoir assuré le succès d’une dispersion totale de 50 ans d’images.
Le texte d’introduction du catalogue remarquablement réalisé par l’étude de Maître Blouet à Mayenne nous aura servi en grande partie pour rendre hommage au talent d’un illustrateur et auteur de bande dessinée majeur, trop souvent oublié des rétrospectives de l’histoire de la BD et dont la quinzaine d’ ouvrages publiés principalement dans les années 70 ont marqué son époque.
Robert Gigi débute à la fin des années quarante dans diverses publications et plus particulièrement dans des revues de la Société Parisienne d’Editions (SPE). Il adapte des romans pour la jeunesse et des aventures de divers héros de séries policières.
Avant de connaître une certaine notoriété dans le milieu de la bande dessinée, Robert Gigi oeuvra régulièrement dans les magazines spécialisés pour les jeunes lectrices. La publication régulière de ses gouaches à l’esthétique un peu démodée des romans photos dans des revue comme « Fillette » au coeur des années 60, pourraient rappeler l’univers des « Martine ».
Son premier personnage « Gentil Clovis » pour le magazine Chouchou fit l’objet de strips humoristiques au début des années 60.
Plus tard, ses adolescentes mutines pour le magazine « 15 ans » contemporaines de « Salut les copains » à l’époque des yéyés annonceront ses premières bandes dessinées comme « Les confidences d’une 15 ans » qui, si elles n’ont pas marqué l’histoire de la bande dessinée, resteront certainement dans la mémoire des jeunes grands mères des années 2000. Ces histoires ont permis à Robert Gigi de faire ses classes avant d’entrer dans la grande porte des auteurs confirmés.
C’est à « V magazine » qu’il va trouver le succès. Après avoir livré des illustrations de nouvelles, il rencontre Claude Moliterni qui lui propose de mettre en images les aventures de son héroïne pour adultes « Scarlett Dream ».
Cette série connaît très vite le succès et un premier album mythique parait aux éditions Eric Losfeld aux cotés de « Pravda la surviveuse » de Guy Peellaert et de la « Barbarella » de Jean Claude Forest.
Le duo prolixe Gigi-Moliterni publiera ensuite dans Phenix (revue de référence critique dans les années 70), « Orion le laveur de Planète ».
Puis une nouvelle série pour la jeunesse « Agar » qui sera publiée dans le journal italien « Corrière dei Ragazzi », continué dans le fugitif mensuel « Lucky Luke » et dont trois albums paraîtront, comme la majorité de son travail, chez Dargaud de 1974 et 1976.
Les récits de soucoupes volantes imaginés par Jacques Lob et publiés dans le mensuel Pilote de 1972 à 1975 » Ugaki le serment du Samourai » sa dernière oeuvre qui témoigne de son grand amour du japon et des arts martiaux, lui ont assuré en son temps un succès public mérité.
Robert Gigi est mort le 6 février 2007 à l’âge de 81 ans , et son oeuvre faute de réédition est aujourd’hui un peu oubliée du grand public. Ses images et planches aujourd’hui dispersée devrait cependant revivre par le biais des collectionneurs et amateurs. Il reste à souhaiter la réédition de quelques uns de ses meilleurs livres dont une petite quinzaine sont parus entre 1967 et 1980.
Ceux qui veulent en savoir plus sur sa carrière d’illustrateur peuvent encore facilement dénicher « Rêves écarlates » publié aux éditions Aedena en 1986.
Pour les amateurs de planches originales, merci de nous écrire si vous souhaitez acquérir une oeuvre de Robert Gigi.