Thomas Theodor Heine (1867–1948), peintre et illustrateur allemand. Heine est originaire d’une famille d’industriels de Liepzig.
Il débute sa carrière comme caricaturiste talentueux très jeune, ce qui l’amène à étudier à la Kunstakademie Düsseldorf et, brièvement, à l’Academy of Fine Arts de Munich. A Munich, il peint des paysages romantiques et dessine des blagues innocentes pour les « Fliegende Blätter » (feuilles volantes).
Portrait de Thomas Theodor Heine en 1915, par Nicola Perscheid
Dès 1895, il fait, pour les Editions Albert Langen nouvellement fondées, des maquettes de couvertures de livres en style art déco du genre Beardsley, en noir et blanc. Il fut le premier collaborateur d’Albert Langen au « Simplicissimus ». C’est à lui que l’on doit le symbole de la revue – et qui le restera pendant 40 ans – à savoir le bouledogue rouge brisant sa chaîne de la page de garde.
Après la mort de Langen en 1909, il fit transformer la seconde ligne « Editeur: Albert Langen » (depuis 1906, jusque là on trouvait la mention « revue hebdomadaire illustrée ») en « revue fondée par Albert Langen et Th. Th. Heine: en 1898, par exemple, par son dessin pour la couverture du numéro sur la Palestine, frappé d’interdit; en 1906 par la révolte interne des artistes qui fut à l’origine de la fondation d’une société anonyme avec la partuicipation des collaborateurs; en 1914 par une tendance nationaliste rendant possible une continuation de la parution de la revue.
Illustrations de Thomas Theodor Heine pour « Simplicissimus »
Il travaille également comme illustrateur pour les livres dès 1890.
Juif, il est contraint de fuire l’Allemagne en 1933, d’abord pour Prague. De 1938 à 1942 il vit à Oslo. De 1942 jusqu’à sa mort en 1948 il vit à Stockholm. Il publie une autobiographie hautement cynique en 1942, Ich warte auf Wunder.
Cette biographie a été écrite avec l’aide du catalogue « Simplicissimus, Le Simplicissimus et la République de Weimar », exposition du Goethe Institut, Munich, 1984.
Couverture de Thomas Theodor Heine pour « Simplicissimus », 1896
Pour voir les 2519 illustrations (couvertures, illustrations intérieures, vignettes, etc.), visitez l’incroyable site consacrée à « Simplicissimus » http://www.simplicissimus.info. Chaque numéro de la revue est numérisé et consultable aisément.
Illustration « Arbeit » de Th. Th. Heine pour « Simplicissimus » (Numéro 44)
Pour en apprendre plus, lire le texte d’Ursula Koch: « Les caricaturistes munichois de la Belle Epoque face au progrès technique et à ses conséquences », et en particulier le paragraphe intitutilé: « Le progrès technique et ses connotations politiques: L’illustré satirique Simplicissimus » sur le site http://www.caricaturesetcaricature.com
Couverture avec le bouledogue, l’emblème de « Simplicissimus », dessiné par Th. Th. Heine
En voici un long extrait:
« L’emblème du Simplicissimus, qui tire son nom du premier grand roman de la littérature allemande moderne (Der Abentheuerliche Simplicissimus Teutsch, de Hans Jakob Christoph von Grimmelshausen, 1669), fut le diable, interdit par la police et remplacé aussitôt par le fameux bouledogue rouge qui brise sa chaîne. C’est une création du peintre-dessinateur Thomas Theodor Heine, un collaborateur du Simplicissimus dès sa toute première heure (le 4 avril 1896). En 1907, l’artiste s’inspirera des deux symboles en dessinant, pour un constructeur munichois d’automobiles de sport, une page publicitaire (bien rémunérée) qui servira également d’affiche.
Sous la monarchie de Guillaume II, le Simplicissimus, antimilitariste, ironique, mordant, agressif et fantastiquement drôle, sera en quelque sorte l’équivalent allemand de l’hebdomadaire Gil Blas illustré (1891-1903 ; dessinateur principal : Théophile Alexandre Steinlen), et du célèbre illustré satirique L’Assiette au beurre (1901-1912), illustré considéré de nos jours « comme un réquisitoire contre la société de la Belle Époque ». De 1907 à 1908, l’éditeur Albert Langen ajoutera aux exemplaires du Simplicissimus acheminés vers la France (environ 650) un petit fascicule rouge vif, contenant les traductions des légendes ironiques, voire acérées, relatives aux dessins. À la suite d’une controverse qui s’est déroulée entre certains organes de presse allemands et parisiens, « l’édition française » du Simplicissimus cessera de paraître. » Ursula Koch