Archive for the ‘Simplicissimus’ Category

Thomas Theodor Heine

26 novembre 2009

Thomas Theodor Heine (1867–1948), peintre et illustrateur allemand. Heine est originaire d’une famille d’industriels de Liepzig.

Il débute sa carrière comme caricaturiste talentueux très jeune, ce qui l’amène à étudier à la Kunstakademie Düsseldorf  et, brièvement, à l’Academy of Fine Arts de Munich. A Munich, il peint des paysages romantiques et dessine des blagues innocentes pour les « Fliegende Blätter » (feuilles volantes).

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Portrait de Thomas Theodor Heine en 1915, par Nicola Perscheid

Dès 1895, il fait, pour les Editions Albert Langen nouvellement fondées, des maquettes de couvertures de livres en style art déco du genre Beardsley, en noir et blanc. Il fut le premier collaborateur d’Albert Langen au « Simplicissimus ». C’est à lui que l’on doit le symbole de la revue – et qui le restera pendant 40 ans – à savoir le bouledogue rouge brisant sa chaîne de la page de garde.

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Après la mort de Langen en 1909, il fit transformer la seconde ligne « Editeur: Albert Langen » (depuis 1906, jusque là on trouvait la mention « revue hebdomadaire illustrée ») en « revue fondée par Albert Langen et Th. Th. Heine: en 1898, par exemple, par son dessin pour la couverture du numéro sur la Palestine, frappé d’interdit; en 1906 par la révolte interne des artistes qui fut à l’origine de la fondation d’une société anonyme  avec la partuicipation des collaborateurs; en 1914 par une tendance nationaliste rendant possible une continuation de la parution de la revue.

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Illustrations de Thomas Theodor Heine pour « Simplicissimus »

Il travaille également comme illustrateur pour les livres dès 1890.

Juif, il est contraint de fuire l’Allemagne en 1933, d’abord pour Prague. De 1938 à 1942 il vit à Oslo. De 1942 jusqu’à sa mort en 1948 il vit à Stockholm. Il publie une autobiographie hautement cynique en 1942, Ich warte auf Wunder.

Cette biographie a été écrite avec l’aide du catalogue « Simplicissimus, Le Simplicissimus et la République de Weimar », exposition du Goethe Institut, Munich, 1984.

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Couverture de Thomas Theodor Heine pour « Simplicissimus », 1896

Pour voir les 2519 illustrations (couvertures, illustrations intérieures, vignettes, etc.), visitez l’incroyable site consacrée à « Simplicissimus » http://www.simplicissimus.info. Chaque numéro de la revue est numérisé et consultable aisément.

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Illustration « Arbeit » de Th. Th. Heine pour « Simplicissimus » (Numéro 44)

Pour en apprendre plus, lire le texte d’Ursula Koch: « Les caricaturistes munichois de la Belle Epoque face au progrès technique et à ses conséquences », et en particulier le paragraphe intitutilé: « Le progrès technique et ses connotations politiques: L’illustré satirique Simplicissimus » sur le site http://www.caricaturesetcaricature.com

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Couverture avec le bouledogue, l’emblème de « Simplicissimus », dessiné par Th. Th. Heine

En voici un long extrait:
« L’emblème du Simplicissimus, qui tire son nom du premier grand roman de la littérature allemande moderne (Der Abentheuerliche Simplicissimus Teutsch, de Hans Jakob Christoph von Grimmelshausen, 1669), fut le diable, interdit par la police et remplacé aussitôt par le fameux bouledogue rouge qui brise sa chaîne. C’est une création du peintre-dessinateur Thomas Theodor Heine, un collaborateur du Simplicissimus dès sa toute première heure (le 4 avril 1896). En 1907, l’artiste s’inspirera des deux symboles en dessinant, pour un constructeur munichois d’automobiles de sport, une page publicitaire (bien rémunérée) qui servira également d’affiche.

Sous la monarchie de Guillaume II, le Simplicissimus, antimilitariste, ironique, mordant, agressif et fantastiquement drôle, sera en quelque sorte l’équivalent allemand de l’hebdomadaire Gil Blas illustré (1891-1903 ; dessinateur principal : Théophile Alexandre Steinlen), et du célèbre illustré satirique L’Assiette au beurre (1901-1912), illustré considéré de nos jours « comme un réquisitoire contre la société de la Belle Époque ». De 1907 à 1908, l’éditeur Albert Langen ajoutera aux exemplaires du Simplicissimus acheminés vers la France (environ 650) un petit fascicule rouge vif, contenant les traductions des légendes ironiques, voire acérées, relatives aux dessins. À la suite d’une controverse qui s’est déroulée entre certains organes de presse allemands et parisiens, « l’édition française » du Simplicissimus cessera de paraître. » Ursula Koch

Karl Arnold

30 septembre 2009

Karl Arnold est né en Allemagne le 1er avril 1883, quatrième d’une famille de neuf enfants. Après avoir suivi un enseignement en peinture à l’académie des Beaux-Arts de Munich, ses dessins apparaissent dans les magazines allemands tels que “Die Jugend” (La Jeunesse) et le “Munchener Illustrierte Presse”.

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Le texte de cet article est très largement inspiré de l’ouvrage: « Simplicissimus, le Simplicissimus et la République de Weimar », catalogue d’exposition du Goethe Institut, Munich, 1984, Préface de Fritz Arnold. Ci-dessus, une reproduction de la double page consacrée à Karl Arnold.

En 1907, il commence sa collaboration avec Simplicissimus. Il passe quelques années à Paris d’où il envoie ses dessins. A ses débuts, Karl Arnold donne dans la manière expressive et colorée, puis vers 1931, il commence à développer ce style aux contours succins, clairs et fins qui le rendirent célèbre dans les années 20.

Ses caricatures sont plutôt des portraits, elles ne déforment pas, mais en éliminant les détails, elles accusent la physionomie et l’expression corporelle d’une personne. Très vite, il intègre l’équipe permanente des artistes de Simplicissimus et en devient actionnaire en 1917. Il occupe pendant de nombreuses années le poste de « rédacteur pour les idées d’illustrations et de textes ».

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Monographie de référence en allemand: « Karl Arnold, Leben und Werk », Bruckmann München, 1977.

En 1927, à l’occasion d’une exposition, Thomass Mann écrivait : » Comme vous êtes à situer entre Olaf Gulbranson et George Grosz, plus aigu dans le social, que ce génie humoristique, deux nuances plus conciliant que cet écrivain graphique de la haine-en fait, jamais débonnaire, je le souligne – l’atmosphère bourgeoise est bien loi, très loin – mais vous débordez de critique et d’irritabilité esthético-moraliste face à son expression, de sens humain pour ce q’il y a de grotesque animal en l’homme, vous notez et vous observez plus objectivement,plus académiquement mais puisque vous êtes dessinateur, vous êtes plus disposé au comique:ceci est fort heureux, très attrayant, c’est bien un juste milieu qui n’a rien de commun avec la trivialité , le vulgaire y est divulgué et seule la bienséance écarte le radicalisme et son esprit ennemi. »

En 1933, il lui est alors interdit d’exercer son métier. Des livres avec ses caricatures figurent sur la liste des « écrits nocifs et indésirables » et doivent être retirés de la circulation. Karl Arnold, comme la majorité de ceux qui travaillait pour Simplicissimus, était opposé à la politique extérieure du gouvernement allemand avant le début de la Première Guerre Mondiale.

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Néanmoins, une fois la guerre commencée, Simplicissimus a donné son appui total à l’effort de guerre. Après la guerre le journal a mené la campagne contre le Traité de Versailles, et dans les années 20 il a défendu la République de Weimar contre les menaces du nationalisme de gauche et de droite révolutionnaire. Il s’est fortement opposé à Adolf Hitler, et la presse de droite a accusé Simplicissimus d’être sous la commande des juifs. Quand certains artistes allemands tels que George Grosz et John Heartfied dépeignaient Adolf Hitler comme dangereux et immoral, Arnold le dessinait idiot.

Lorsque les nazis ont gagné du pouvoir en 1933, les stormtroopers sont arrivés aux bureaux de Simplicissimus et certains des réalisateurs de dessins animés, tels que Thomas Heine et Walter Trier ont quitté le pays mais Arnold a continué de travailler au magazine et, pendant la deuxième guerre mondiale, il a produit des dessins animés pro-Hitler. Après la deuxième guerre mondiale, Karl Arnold a émigré aux Etats-Unis où il a vécu jusqu’à sa mort en 1953.

Simplicissimus

29 septembre 2009

« Simplicissimus » est une revue satirique allemande d’avant-garde, fondée à Munich en 1896 par l’éditeur Albert Langen et devenue une véritable institution nationale dans la première moitié du xxème siècle.

Sa virulence, son audace, l’âpreté de ses satires — articles aussi bien que caricatures — sont restées célèbres. Parmi ses collaborateurs figurent les écrivains Strindberg, Schnitzer, Rilke, Ludwig Thoma, Mann.

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« Das grosse Simplicissimus Album »

Le courant expressionniste pictural en particulier (Alfred Kubin, Käthe Kollwitz, Thomas Theodor Heine, Jules Pascin, Georges Grosz) y a trouvé une tribune de choix.

Ralliée au nazisme, qui a tôt fait de voir le parti qu’il peut tirer de l’utilisation d’un titre aussi prestigieux mais pourtant connue pour son ouverture aux sensibilités de gauche, cette revue hebdomadaire voit sa parution suspendue à la chute du nazisme, puis disparaît définitivement après une tentative de renouveau entre 1954 et 1967.

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Une sélection d’ouvrage sur l’histoire de Simplicissimus:
– « Das grosse Simplicissimus Album »
– « Facsimile Querschnitt durch den Simplicissimus », verlegt von Scherz
– « Das Beste aus dem Simplicissimus », Scherz Verlag, 1976
– « Simplicissimus », Fackelträger, Verlag – Schmidt – Küster Gmbh, Hannover, 1954
– « Simplicissimus, Bilder aus dem Simplicissimus, Fackelträger, Verlag – 1970
– « Le Simplicissimus et la République de Weimar, Goethe Institut Munich, 1984
– « Simplicissimus 1896-1914 », Rütten & Loening, Berlin, 1972